

George Anson
et son voyage autour du monde
La navigation à l'époque des découvertes
La mer a depuis toujours fait peur et a alimenté les imaginaires. Cependant, cela n'a pas empêché l'homme de tenter de la dompter. Au 18e siècle, cette peur reste bien présente pour une raison simple : le manque de précision dans les techniques de navigation et dans les connaissances des mers. Malgré des siècles passés sur les océans, l'homme ne peut toujours pas naviguer de manière sûre au 18e. Mais, même s'ils ne sont pas infallibles, il a développé certains instruments pour naviguer et se repérer. George Anson, durant son périple de près de quatre ans autour du monde, les utilisera et rencontrera des problèmes comme nombre d'autres navigateurs.
Les navires
Il en existe différentes sortes à l'époque du voyage de George Anson. Son escadre est composée d'un vaisseau-de-ligne, de quatre frégates et d'un sloop. Ce sont tous des vaisseaux de guerre :
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vaisseau-de-ligne : navire de guerre, transportant de l'artillerie lourde telle de nombreux canons pour faire face aux combats en mer.
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frégate : navire de guerre, il a trois mâts et est souvent utilisé pour les grands voyages car il est rapide et facilement manoeuvrable.
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sloop : bateau un peu plus petit que la frégate, à trois mâts.
Il existe des bâtiments de commerce. La différence avec les navires de guerre est que les calles sont plus grandes pour pouvoir transporter toutes les marchandises. Ils avaient généralement quelques canons en cas d'attaque.

A frigate, de Dominic Serres, conservé au National Maritime Museum de Greenwich. C'est une frégate de la seconde moitiée du 18e siècle.

Quelques instruments
Les marins au siècle des Lumières disposent de plusieurs instruments pour se repérer en mer. Parmis les plus importants, on peut compter :
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Le compas : équivalent de la boussole, il indique le cap ou le nord magnétique.
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L'octant : il mesure la hauteur du soleil à l'horizon. Il permet de calculer la latitude.
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Le garde-temps : cet instrument garde l'heure du départ du bateau. Pour calculer la longitude, on la compare avec l'heure locale (en se basant sur le soleil). Cependant, ce n'est pas toujours fiable. Ces sortes d'horloge peuvent facilement se dérégler ou la météo peut ne pas être clémente.
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Le loch : c'est une corde avec une petite planche en bois à son extrémité. On le jette dans l'eau et on calcule avec un sablier le temps qu'il met pour atteindre la fin du bateau. Cela permet de savoir la vitesse du navire.
Malgré ces instruments, la navigation reste approximative et les marins se dirigent souvent à l'estime car ils ne peuvent connaitre les longitudes avec certitude. Une autre techniqe utilisée consiste à rejoindre la latitude à laquelle se situe sa destination et puis, de naviguer à latitude constante vers l'est ou l'ouest.
Octant, fabriqué autour de 1770, conservé au National Maritime Museum de Greenwich. Instrument permettant de connaitre la latitude de sa position.
La cartographie
Jusqu’à la moitié du 18e siècle, les nations ne partagent pas leurs cartes. Les routes maritimes découvertes doivent être gardées jalousement pour empêcher les autres pays de les utiliser à leur profit. Au siècle des Lumières, la situation évolue. Il y a maintenant la volonté de rendre les traversées moins dangereuses et de connaître la géographie de l’ensemble du monde. Comme une nation ne peut voyager partout et dessiner des cartes de tout, il est nécessaire de partager les connaissances.
C'est pourquoi de nombreux atlas sont édités au siècle des Lumières et que les récits de voyage, comme celui de George Anson publié en 1748, sont nombreux et contiennent des cartes et plans détaillés des endroits visités durant leurs périples. Lorsqu'il publie son histoire, le but du général Anson est dès lors d’aider les navigateurs et de combler le manque de précision des cartes de son époque. Mais celles-ci restent souvent imprécises à cause des problèmes pour calculer les longitudes.

Carte des Philippines du Voyage autour du monde [...] de George Anson, éditée à Genève en 1750.

Chronomètre d'Harrisson, H4. Inventé en 1759, il permet de calculer la longitude avec plus de précision.
Les problèmes de longitude
Depuis toujours, calculer la longitude pose problème. Durant tout le 18e siècle, on tente de résoudre cette difficulté qui peut avoir de graves conséquences. En effet, les navigateurs doivent se diriger à l’estime et ne peuvent donner avec certitude les longitudes des terres à situer. Cela entraîne des erreurs importantes dans les cartes : des terres sont mal situées, des îles peuvent apparaître deux fois ou disparaître d’une carte à l’autre… Ces fautes peuvent provoquer des naufrages et allonger les parcours (ce qui renforce la mortalité des marins à cause des maladies tel le scorbut).
Les premiers progrès sont faits vers la moitiée du 18e. On invente des chronomètres plus précis que les garde-temps, tel celui d'Harrisson créé en 1759. Cependant, même s'ils sont plus précis, ils peuvent se dérégler à cause des mouvements du navire. La longitude n’est calculée avec précision qu’au 19e siècle après avoir amélioré les horloges et les montres emmenées sur les navires.